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d Alsace
AMUT.
Un guitariste hors pair
A 24 heures d'intervalles, une autre fin de saison. Et comme pour les abonnés du symphonique, quelle fin de saison des AMUT avec le jeune guitariste brésilien Dagoberto Linhares ! Au foyer du théâtre jeudi soir, une seule petite source lumineuse : un lampadaire. Et une seule source sonore, limpide, cristalline, fine ou jaillissante : l'élégante silhouette d'un jeune guitariste qui communiquait au nombreux auditoire son plaisir effréné à faire parler son instrument. Celui que les sceptiques, les incrédules endurcis ne cessent de reléguer au rang d'accessoire, à une espèce d'imagerie d'Epinal et dont ils se refusent à approfondir l'évolution.
Les délicats tons de pastel de notre beau foyer baignèrent de leur tendresse cette alliance intime du son et de la lumière procurant aux auditeurs un indéniable, un pur ravissement. Une autre intimité encore plus importante, encore plus sensible doublait le féerique spectacle son lumière : celle de la parfaite interpénétration de la musicalité et de la technique qui chez Dagoberto Linhares atteint une rare perfection, fait partager un ineffable bonheur.
L'étonnante variété de timbres et d'attaques, la richesse très diversifiée des nuances, le prodigieux scintillement des traits soutenaient à tout instant une acuité auditive devenue quasiment physique. On ne pouvait qu'adhérer sans réserve à des interprétations fascinantes des danses de la Suite espagnole de Gaspar Sanz qui a donné à la guitare au XVIle siècle ses lettres de noblesse, de la fugue en mi que J.-S. Bach a écrit également pour le luth, le violon et le clavecin, des deux pages éminemment suggestives "Granada" et "Asturias" du grand Albeniz.
Populaire, aristocratique, séduisante surtout, la guitare de Dagoberto Linhares nous livrait en deuxième partie du programme tous les mystères sous les doigts inspirés, agiles et expressifs de son animateur. De la série de pièces de musique contemporaine chacune avait son cachet et d'emblée atteignit son but. "Polifemo d'Oro" de l'anglais Brindle traduit l'atmosphère d'un poème de Garcia Lorca, les études 8 et 12 de Heitor Villa-Lobos ne sont pas pour autant que des exercices de style; "Nesta Rua, Bcîte à musique et Batucada" de I. Savio se disputaient la grâce, le charme, l'élan tandis que cette inoubliable soirée se terminait sur les trois envoûtantes "Valses vénézuéliennes" de A. Lauro
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